L’ARCHE DES KERGUELEN |
Michel Krempper, Association Française de Philatélie Thématique |
De nombreuses arches naturelles issues de
l’érosion se donnent à voir sur toute la surface du globe. Les diverses
Postes mondiales en ont d’ailleurs consacré plusieurs.(Voir
sur ce site)
Figure 1b. Carte Maximum, premier jour de l’émission TAAF du 1er janvier 2001
Elle est comme la porte d’entrée de l’archipel. En fait, elle marque l’extrémité sud-est de la Baie de l’Oiseau, la pointe nord-est de cette baie étant le Cap Français.
Figure 3A et 3B. Les Kerguelen, la Baie de l’Oiseau/ Christmas Harbor, le site de l’Arche. Elle fut d’abord nommée Le Portail sur la carte du chevalier de Kerguelen lui-même lorsqu’il la voit pour la première fois en janvier 1774, à son second voyage. L’astronome Le Paule Dagelet qui l’accompagna et fit alors un périlleux débarquement ne manqua pas de la mentionner dans son compte-rendu à l’Académie des Sciences.
Deux ans après, le capitaine James Cook arrive dans ces îles qu’il appellera d’abord Îles de la Désolation avant de les baptiser Îles Kerguelen en l’honneur de son prédécesseur. Fair play mais aussi solidarité entre ces navigateurs de l’extrême ! Il entre dans la même baie le 25 décembre 1776, nomme celle-ci Christmas Harbour et baptise le monument Arched - Rock : nom qui lui est définitivement resté, traduit en français par Pointe de l’Arche. Le Havre de Noël est l’objet de l’une des plus célèbres gravures qui accompagnent le récit du troisième voyage de Cook, ainsi commentée : « L’endroit le plus remarquable, la pointe sud, est terminé par un très haut rocher perforé, de sorte qu’il ressemble à l’arche d’un pont. » (souligné par nous. MK )
Figure 5A et B .
Gravure du
Récit de James Cook, 1776, Le dessin du timbre TAAF PA 47 est intéressant à observer et à comparer avec le précédent. La source est la même, à savoir la gravure du récit de Cook. Mais si dans l’illustration du timbre du triptyque, Béquet avait pris quelques libertés, il reste cette fois fidèle au dessin originel.
Lors de son voyage de 1840 avec ses deux bateaux, l’Erebus et le Terror commandé par Crozier, J.C. Ross confirmera les observations de ses prédécesseurs. : « La pointe de l’arche, de 150 pieds de hauteur, est composée de basalte. A l’intérieur, on voit des fragments de bois silicifié inclus dans le basalte. » C’est cette expédition que commémore le timbre des Terres Australe et Antarctiques Françaises émis en 1979 (réf YT PA 59 ). Au format 48 x 36 mm, la vignette dessinée et gravée par Pierre Béquet également nous montre le Terror face à l’arche, telle que Ross pu les voir depuis l’Erebus.
En 1874, c’est à la très célèbre expédition scientifique du Challenger d’aborder l’île. Ses rapports s’ouvrent sur une grande gravure représentant l’Arche vue du fond de la Baie de l’Oiseau : comme si ce monument était le plus remarquable rencontré par ce navire pendant tout son voyage autours du globe. « Nettement coupée de la falaise se trouve une grande arche naturelle de 150 pieds de hauteur : un grand phénomène de la nature… » commentera Campbell, son commandant, visiblement impressionné.
Figure 7. Gravure illustrant le Rapport de la Mission scientifique Challenger, 1874
L’Archipel des Kerguelen devient français en 1893. E. Mercié, Enseigne de vaisseau de l’Aviso l’Eure est chargé de la cérémonie de prise de possession au nom de la République. Il décrira en détail « la fameuse Pointe de l’Arche …vue comme… un magnifique arc de triomphe qui laisse entrevoir le jour à travers son ouverture. » (souligné par nous. MK) Les frères Rallier du Baty le suivent en 1908 et seront témoins privilégiés. Après leur première expédition Raymond précise : « l’entrée de la baie a un mille de large avec … au sud un rocher de 150 pieds. La mer , sans relâche, y a creusé une arche large de 100 pieds, par laquelle, d’un certain angle on aperçoit la côte, des falaises et des rochers imposants s’étendant loin à l’horizon. » » Puis, surprise ! Et de taille ! Lors de la deuxième expédition Rallier du Baty en 1913, on ne peut que le constater : dans l’intervalle de quatre années, le toit de la fameuse arche s’est effondré. … Constat
confirmé en 1931 par le géologue français E. Aubert de la Rue et paru
dans son « Etude géologique
et géographique de l’Archipel des Kerguelen », ouvrage de référence
fruit de quatre campagnes menées avec son épouse en 1928-29, 1931,
1949-50 et 1952 : « Le
recul des falaises et les effets de l’érosion marine se traduisent par
la présence de rochers aux formes singulières, tels l’Arche
aujourd’hui effondrée et formant deux tours comparables à celles de
Notre-Dame à l’entrée de la Baie de l’Oiseau. » (souligné par nous. MK)
Figure 8. Timbre des TAAF YT 296, 2001
Pour finir citons un dernier témoin : Jean-Paul Kauffmann. Avec « l’Arche des Kerguelen », l’écrivain a livré en 1993 une méditation littéraire et poétique qui n’a pas peu contribué à mieux faire connaître ces terres désertes et désolées ainsi que notre arche, leur figure emblématique. D’autant que son livre a fait l’objet de plusieurs rééditions. Merci à lui également.
Figures 9 A, B, C. Trois couvertures, trois éditions du récit de J.P. Kauffmann: Flammarion, Table-Ronde/Poche, France –Loisirs, trois illustrations de l’Arche. Bibliographie sommaire : Ouvrages et conférences de Gracie Delepine Récits de Raymond Rallier du Baty Ouvrages et rapports d’Edgar Aubert de la Rue Jean-Paul Kauffmann, ouvrage précité Notices de l’Administration Philatélique des T.A.A.F.
Question annexe : « Mais au juste, où sont telles donc ces Îles Kerguelen ? » Réponse :
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